C’est arrivé au début de l’automne, dans les montagnes des Pyrénées.
Trois randonneurs — Anna, Miguel et Thomas — avaient entrepris une marche le long d’un ancien sentier autrefois emprunté par les bûcherons.
Le temps était clair mais froid, l’air cristallin, chargé d’odeurs de pin et de neige.
Le chemin montait à travers une gorge depuis longtemps abandonnée.
Sur la carte, un ancien campement était indiqué, et les amis décidèrent d’y faire une halte.
Après environ trois heures d’ascension, ils aperçurent quelque chose de blanc sur le bord du sentier.
D’abord, ils crurent à un morceau de plastique ou à une tente.
Mais en s’approchant, ils comprirent : c’était un fourgon.
Blanc, ancien, légèrement cabossé, la peinture écaillée.
Les roues couvertes de boue et de feuilles, le toit poudré de neige — comme s’il était resté là depuis des mois.
Mais une chose les troubla : une fine fumée sortait du pot d’échappement.
Miguel s’approcha le premier et frappa à la porte. Pas de réponse.
Il tira doucement la poignée — la porte s’ouvrit.
À l’intérieur, il faisait chaud.
Dans un coin, un petit poêle à bois crépitait encore.
Sur une table improvisée, une tasse en métal d’où montait une vapeur légère.
Une odeur de thé et de fumée se mêlait à l’air froid qui entrait par la porte ouverte.
Sur le sol — un sac de couchage entrouvert, comme si quelqu’un venait de se lever.
À côté — une lampe, un téléphone sans réseau et un vieux thermos.
Aucune trace de lutte, aucune panique — seulement la sensation que quelqu’un était « sorti une minute »… et n’était jamais revenu.
Thomas fit le tour du véhicule.
Pas de traces, sinon celles de leurs propres pas.
Anna vérifia le téléphone — aucun signal.
— Peut-être un garde forestier ? — suggéra-t-elle.
Mais le fourgon était clairement privé : à l’intérieur, des effets personnels — une photo d’une femme et d’un enfant, un vieux carnet, et sur la dernière page, une note :
« Parti chercher de l’aide. Je reviendrai ce soir. »
La date remontait à quatre jours.
Les randonneurs alertèrent les secours via leur balise satellite.
On apprit plus tard que le fourgon appartenait à un homme de la vallée voisine, perdu après une tempête.
Son corps fut retrouvé le lendemain, à un kilomètre du camp.
Le fourgon fut redescendu plus tard — l’intérieur était resté intact.
Sur la table, la même tasse trônait encore, avec une trace séchée de thé sur le bord.

